Jeudi après-midi, son employeur, Présence Verte Services, a eu le bon goût de mettre le parcours de Sylvie en avant, en présence des cadres de l’association et de bénéficiaires conviés pour l’occasion. Parmi eux, Claudine Aznar, “que je côtoie depuis près de treize ans”, précise Sylvie, ainsi que l’époux de Josette Gavinaud, très ému. À l’heure où le secteur du service à la personne peine à recruter, le parcours de Sylvie Sabate est inspirant à plus d’un titre. “J’ai commencé par remplacer une amie et je suis finalement restée”, explique celle qui ne possède pas le permis de conduire et fait toutes ses tournées à pied. À la question d’estimer combien de familles agathoises elle avait bien pu aider, elle préfère taper en touche. “Il y en a eu tellement”, glisse celle qui assure “aimer de plus en plus” son travail. Un métier “de patience, de tolérance. Il faut aussi être à l’écoute, car les personnes âgées en ont vraiment besoin. Parfois, elles me disent “attends avant de commencer le ménage, on va boire un café et discuter.” C’est l’un des côtés agréables de mon travail.”

Inévitablement, des liens se créent, “même s’il faut toujours essayer de conserver une certaine distance”, tempère Sylvie. Elle cite l’exemple d’Elise Singier, une autre de ces bénéficiaires. “Quand ces enfants lui ont dit que c’est moi qui allait m’occuper d’elle, elle n’y croyait pas car en 1981, j’avais commencé par sa maman, Paule Pistre”, poursuit-elle, consciente qu’elle fait un peu partie de la famille. Il y a aussi les décès, dont on évite de parler, mais qui font partie du quotidien des salariées. “Forcément, on s’attache aux personnes. C’est dur quand certaines disparaissent. On en revient toujours aux limites affectives que l’on doit fixer, mais ça n’est pas toujours simple.”

Pour Sylvie, qui a commencé à l’âge de 17 ans, c’est le travail d’une vie. À trois ans de la retraite, elle garde la pêche, l’envie d’aider. Elle passe aussi un message aux jeunes générations, qui regarderaient ce métier avec défiance. “Il y a des formations, on peut progresser en interne. Et puis c’est gratifiant. Honnêtement, je ne me vois pas faire autre chose.”